Lit conjugal
Le 2015-10-20
(Poème dédié à la mémoire d'un vieil ami disparu)
Aux yeux de mes quinze ans, tu étais grand et beau
En toi, je retrouvais l'image de l'amour
De tes gémissements naissaient en un credo
Les plaintes du plaisir avec la fin du jour
Lit conjugal, passé hyménéal
Un premier faux pas, primordial
Et je rêvais de toi, les nuits de solitude
Tes draps fins me narguaient, je les voyais emplis
de furieuses étreintes, de douces habitudes
Et le clairon barbare m'arrachait à tes plis
Lit conjugal, présent abyssal
Pas l'idéal pour mon moral
Aujourd'hui, tu n'es plus qu'un matelas sans âme
Tes ressorts fatigués m'accueillent avec des cris
La femme qui y dort, cette femme, ma femme
Comme en un cimetière, y enterre nos vies
Lit conjugal, futur létal
Et tout devient banal
Je m'y couche à regret, je le quitte avec joie
Rarement, j'y pratique et par nécessité
Le devoir conjugal, cette sinistre croix
Qu'une erreur de jeunesse m'oblige à porter
Lit conjugal, impératif final
De la solitude être le vassal
