Chaque année qui meurt

luober Par Le 2022-06-10

Chaque année qui meurt et où s'égrennent les heures
Nous ramène au tracé, pas très droit, empli de lacets
Ces virages incessants de nos intérieurs tourments
On panse les plaies, on repense aux coups d'épées
Que l'on a reçu dans le dos, dans le cul, pis donc
Entre les orages, s'il est clair qu'il y a des éclaircies
On porte des ciels si lourds que la terre en est écrasée 
Et sous ces noirs nuages, on se fout à poil à tout âge   

Chaque année qui pleure et où le poète maudit d'être né
Faisant bien malgré lui une oeuvre d'art de toute sa vie
Que nous contemplons comme une bête curieuse, furieuse
Révoltée, révulsée, aux poils hérissés, aux dents acérées
Mordant dans sa propre existence pour la faire saigner
Seul sujet de ses expériences, savant fou cherchant délivrance
Tout au bout de sa plume fébrile qu'il tient comme une lance
Pour se défendre des assauts du Spleen, du temps qui assassine 
 
Chaque année qui triomphe sur lui, chaque heure non résolue
Creuse sur son visage une petite ride et l'éloigne de tout salut
Ces phrases prisonnières, ces phases de lune, emphases de plume
Parmi tous ses mots dits, tous ses maux dits, tous ces maudits 
Se perdant dans des paysages arides, désert de sel, son cœur ​​​​se vide
Est-ce si indécent d'écrire avec son sang, ses tripes, ses sentiments ?


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