Chacun de mes morts a laissé sur mon visage
Une ride, la trace d'irréversibles dommages
Mes cernes soulignent la fatigue du temps
Les traits de maquillage du poids des ans
Le cumul de ces chagrins qui nous courbent
Les marais profonds où notre âme s'embourbe
Je porte au fond de moi ces belles fêlures
Cabossant mon cœur et trouant mon armure
Chacun de ceux qui restent, s'évertue pourtant
Avec force à perpétuer le souvenir des absents
Dans la mémoire fragile des derniers survivants
Chacun de mes morts coule encore dans mon sang
Mais leur départ a sculpté ma statue d’albâtre
Que certains jours, le vent pourrait abattre
Chacun de mes morts, mes songes, doux trésors
Ceux à qui je pense souvent quand je m'endors