Allongé sur le dos parmi les fougères,
les yeux levés vers le grand reverbère,
l’astre de nos jours me sert de repère,
à cet instant le reste m’indiffère.
Sa chaleur diffuse un doux somnifère,
qui anesthésie mes deux hémisphères.
J’oublie la fraîcheur de mon tapis vert,
et après demain le temps qu’il va faire.
Je vois, j’écoute, je sens, je goûte.
Et si demain, c’était à refaire
je ferai ce retour à la terre.
Je vois, j’écoute, je sens, je goûte.
J’entends couler au loin la rivière,
les autos sont à des années-lumière.
Et la seule trace de vie ouvrière
est la présence d’une fourmilière.
Les épis ondulent de belles manières
sous l’effet du vent, caresse familière.
Odeurs de champignons dans la sapinière,
et tous les tracas sont restés en arrière.
Je vois, j’écoute, je sens, je goûte.
mais dès la fin août, je reprends la route
et si demain c’était à refaire
je ferai ce retour à la terre.
A l’orée du bois, une maison familière,
une poignée d’amis tiennent ce repaire.
On attend mon retour de la clairière,
pour mettre sur le feu, une cafetière.
Sans empressement, on se laisse faire
par de douces humeurs vacancières.
Hors de toutes actions routinières,
on se laisse porter par la lumière.
Je vois, j’écoute, je sens, je goûte.
et si demain c’était à refaire
je ferai ce retour à la terre.
Je vois, j’écoute, je sens, je goûte.
C’est l’époque lente et merveilleuse
des tendres siestes crapuleuses.
Jours et nuits n’en finissent plus
et l’éveil de nos sens est absolu.
Les étoiles sont ici, bien plus proches,
d’une geste de la main, on les décroche.
Les matins sentent toujours la brioche,
dans ce cercle de poètes et de proches.
Je vois, j’écoute, je sens, je goûte.
Et si demain c’était à refaire
je ferai ce retour à la terre.
Et si demain c’était à refaire
je ferai ce retour à la terre.