Le blog poétique de LUOBER

Elle descend à peine de son lit,
Mais il est déjà presque minuit.
Elle pose ses pieds dans ses pantoufles
Et elle reprend sa place dans son moule.
Elle regarde le reflet dans la glace,
De ce temps qui passe et qui lasse,
Et qui dévoile toute la crasse,
Et qui ne peut effacer les traces
Sur son corps qu'elle a déjà offert
pour acheter des doses à son dealer.

L'amour fragile, c'est son nom. Elle ne sait pas bien dire non.
L'amour fragile, sans illusion, un peu comme à la télévision.

Elle se sent si mal dans sa tête,
Allume cigarette sur cigarette.
Pour elle, les tentations sont faciles,
Car c'est une fille si belle et si fragile. 
Tu aurais tant voulu l'aider,
Tu aurais tant voulu l'aimer.
Tous les mots paraissent futiles,
Tous les appels sont bien inutiles.
Elle plie et se replie sur elle-même,
même si tu crois bien qu'elle t'aime.

Elle se glisse dans son lit,
Il est déjà presque midi.
Au fond d'une boîte de nuit,
Une poubelle pleine de soucis, 
Une seringue utilisée,
Un peu de coton imbibé.
Pour un peu de cette poubre blanche,
et que ce soit tous les jours dimanche,
Elle s'éloigne de ton rêve de bonheur
Et sa danse avec la mort te fait peur.

L'amour fragile, c'est son nom. Elle ne sait pas bien dire non.
L'amour fragile, en perdition, un peu de la vie, la négation.

Comme une vieille chanson de marin
Que tu chantais tous les matins,
Un bateau qui pointe à l'horizon
Fait tanguer la ligne de mes illusions.

J'ai oublié le mot aimer.
Je l'ai laissé à tes côtés
Comme un objet inutile,
Un sentiment devenu futile.

Elle connaît les échos oubliés du chant des sirènes.
Elle a reçu les confidences des dernières reines.
Elle a visité le Pérou, la Chine et l'Andalousie.
Elle a même filmé les kangourous d'Australie.
Elle connaît les mystères des aurores boréales.
Elle sait calculer ses impôts et son thème astral.
Courant d'air soufflant tous ses rêves d'idéalisme.
Elle a tout pratiqué, du Kama Sutra au Saphisme. 
Elle a besoin de personne. Elle sait tout, en somme.
Juste parfois seulement pour l'amour, un homme.
Elle veut vivre et régner toute seule sur le trône.

Une extra-terrestre a atterri par hasard dans ma vie.
En sortant de sa soucoupe volante, elle ressemblait à une hotte aspirante.
elle était partie de sa planète pour aimer, pour faire la fête.

J'ai observé cette martienne.
Je l'ai espionné derrière mes persiennes.
I love, I love, I l'OVNI.

Elle avait des jambes de flipper et la même tête qu'un robot mixer,
Un charme pas très honnête entre le tournevis et la clé à molette.
On entendait battre son coeur entre ses deux microprocesseurs.

J'ai invité cette martienne.
A vivre derrière mes persiennes.
I love, I love, I l'OVNI.

Et puis un soir elle est repartie après avoir épuisé mes batteries.
Elle a dit qu'elle m'aimait bien et qu'elle reviendrait avec son engin.
Rendez-vous dans un siècle ou deux, j'espère ne pas être trop vieux.

J'attends le retour de ma martienne.
Je la guette derrière mes persiennes.
I love, I love, I l'OVNI.

Ce soir je regarde les flammes danser.
Je réchauffe mes souvenirs devant la cheminée.
Je n’ai plus le droit de jouer dans ton jeu.
Mes maladresses ont éteint notre feu.
Même si pour toi désormais je compte peu,
Si je ne suis plus que fumée à tes yeux,
Mon amour ardent, comme ce brasier,
Entretiendra ton souvenir à jamais.
Peut-être trop différent pour pouvoir espérer,
La vie a préféré nous séparer.
Mais, même si ta vie vaut plus que la mienne,
Et s’il n’y a seulement que mon coeur qui saigne,
Je garderai prisonnière l’ombre de ton corps
Qui brillera comme un soleil dans mon triste décor.
Et si laissant encore un peu l’enfer attendre
Comme un Phénix, je renaissais de mes cendres.

Il y aurait toujours pour toi
une place sur mon nuage.
Pour toi et seulement pour toi
une page dans mon livre d’images
Un château dans mon conte de fées,
un rêve pour l’éternité.




Version musicale de "Seulement pour toi"

 Mon voisin, ce sorcier, m’a jeté un sort
Depuis qu’avec sa fille je sors.
C’est un adepte du vaudou,
Enfin, un truc pas de chez nous.
C’est pour moi une étrange vie
Que d’avoir un beau-père dans la magie.
C’est un père un peu trop abusif
qui est jaloux que sa fille ait l’œil vif.

Depuis lors, je croise tous les chats noirs
Et je brise tous les miroirs.
Quand une tuile tombe d’un toit,
Surtout ne vous effrayez pas,
Elle m’est forcément destinée.
Je ne sors plus sans mon casque blindé.

Dans la conjoncture actuelle,
J’évite de passer sous les échelles
Et j’interdis les parapluies
A l’intérieur de mon logis.
J’ai même lesté ma salière
Pour éviter les disputes grossières.

Quand la chance crie son nom, c’est plus moi qui réponds.
On m’a lancé une malédiction jusqu’à la septième génération.
Qu’importe les maux et les souffrances,
si la fille du sorcier m’accorde sa présence.

Il faut sortir de ta couche
pour prendre ta douche
avant qu'une mouche,
quittant sa souche,
et bien peu farouche,
arrive et ne te touche  
en se posant sur ta bouche.


 

Le capitaine a le verbe haut, mais l'herbe est basse.
Il commande aux hommes, exige et ignore la menace,
Lançant en une fois toutes ses troupes sur la place.
A découvert et hagards, ils déboulent alors en masse.
Les voilà livrés au feu, attendant que la mort passe.
Elle n'est jamais très loin, espérant qu'ils trépassent.

Alors, aveuglément, les balles et les éclats fusent,
et leurs regards perdus et implorants accusent.
Bien loin de leur douce vie de père de famille,
ils slaloment pour éviter les coups de faucille,
espérant échapper à la moisson rouge et tragique
des blés humains faisant la grandeur de la République.

Alors, tombés pour la France sur les champs de bataille,
On les honorera au son martial des chants de bataille.
On vantera alors le sang versé pour la multitude,
enlevant de l'esprit du peuple toutes incertitudes.
Rétribuant la veuve et l'orphelin pour le tribut offert,
l'âme en paix, on se resservira deux fois du dessert.

Porté par le tourbillon et le tumulte incessant de l'histoire,
nos guerres, nos paix semblent si dérisoires, si illusoires
quand de la terre grasse de nos champs de batailles,
remontent le chant sépulcral de leurs vides entrailles.