Je me suis souvent demandé si je méritais d'être aimé
Si moi-même je devais, mes ailes vestigiales, déployer
Et, s'il est vrai que je n'ai jamais trouvé mon corps beau
Corneille, sur le trajet, dit les mots acides de ses héros
Drôle d'oiseau aux yeux noirs et au plumage clairsemé
Vers quel haut sommet, devrais-je un jour m'envoler ?
Je fus parfois plus heureux là-haut, dans ma solitude
Cette tour d'ivoire sans ailes et fans, mes béatitudes
A me torturer l'esprit jusqu'à ce que mon coeur saigne
A écrire, enfermé dans ma bibliothèque, tel Montaigne
Rien de ma noirceur n'est à mettre sur un manque de Poe
De Novalis, porter un certain romantisme à fleur de peau
L'amour n'est pas, dans tous coeurs, appelé à régner
Dans sa grande toile, je me suis trop souvent englué
J'essaierai d'ouvrir la fenêtre sur de grands espaces
Des champs parsemés de mots, belles fleurs vivaces
Pour vous aider alors à ressentir vos propres émotions
De ma poésie, je jouerai et j'éclairerai toutes vos saisons
Mais n'exigez pas que je fabrique la magique potion
Car, en effet, je n'ai pas sur moi le moindre échantillon
L'amour, le bonheur et l'espérance ont parfois leur maison
Mais souvent, sans domicile fixe, ils échappent à notre raison