J'ai souvent voyagé sur les ailes de la nuit,
Loin de toute cette fureur, de tout ce bruit.
J'ai parcouru d'étranges contrées lointaines,
Et, je vous ai tous rencontrés par dizaines,
Ames perdues, éperdues d'amour, de souffrance,
Les damnés, les errants de la dernière chance.
Rêves brisés, légions, passions et multitudes,
Tous orphelins de l'effroi, emplis de solitude,
Silhouettes écrasées de lourdes croix de pierre,
Ou grandes ombres fugaces échappées des enfers.
Un vent des profondeurs montant droit du Tartare,
Souffle sur les corps enfouis au fond des mares,
Et murmurant sans cesse depuis cette obscurité :
"Vous êtes encore un temps ce que nous avons aimé,
toujours pour l'instant ce que nous avons quitté".
Au petit matin je délaisse enfin ce monde spectral
sans peur d'affronter mon prochain voyage astral.