Entends, le vent souffle, le ventre souffre
Le temps t'accule, la preuve fait ventouse
Dix-huitième lettre qui débute le rêve
Et qui finit le cor qui sonne sans trêve
Sur le pont, prêt à tout, bon à rien,
Mais empli d'espérance, l'air de rien
Du bateau, je regarde, l'âme erre
Du rat d'eau, ragondin, mon destin
Coule, oeuvre qui tendrement serpente
Vers ta fente, ta blessure, douce fêlure
Poisson-chat qui me roule dans la silure
Toujours troisième dans le père et la mère
Mais absente du fils et la fille, beau désert
J'étais pas né mais je reste dur à cuire
En faux dévôt, vite, vite, il faut m'enfuir
Sur le calendrier des beaux jours galants
Je te laisse le choix de la date, maintenant
Les mots sont des magies lettrées du soir
Vers lesquels la volupté, ce miroir est espoir
De nos désirs oubliés s'envolant en fumée
Qui laisse une trace fine, infime et éthérée
Je vois bien que j'ai l'air con, l'air de rien
Je touche l'héritage, cet impalpable bien
Que me lègue la langue de mes ancêtres
Qu'en faire à part du neuf ou dix, paraître ?
Alors l'air de rien, après le cul, avant laisse
Sur l'alphabet des jeux de mots qui blessent
Je poserai très délicatement ma détresse
Et de ma plume que depuis peu j'assume
J'écrirai en rondeau et vague d'écume
Car tant de bons mots flottent dans l'air
Qu'ils ne peuvent rester non lus, aube, air