Dans les plaines glacées de la solitude
De ma vie j'ai traîné tant de lassitude
Mais tous les vents d'Iroise qui pénètrent mes os
Ne sauraient à eux seuls faire flotter mon drapeau
Je ne serai jamais comme fut feu Tristan Corbière
Et pourtant, de ma poésie, je veux faire bannière
Aède, je n'ai de mots dits que mes rimes et ma prose
Baiser la vie, en me cachant de la mort, enfin j'ose
Je ne prendrai pas la route, comme Jack Kerouac
Car je voyagerai tout autant calé dans mon hamac
Ne voulant point laisser derrière moi de traces immortelles
Partageant mes mots pour déflorer l'âme de quelques pucelles
Traversant mille champs de pavots aux côtés de Baudelaire
Sauvant, par artifice, ma peau d'ange déchu tombé à terre
En effeuillant les fleurs du mâle entre tes seins tendus
Vive ma déraison, pétale du désir, ma joie d'être vaincu
Alors comme Villon, je veux bien qu'on me pende
Si encore pour toi, cela permette que je bande
Sur le dos des moutons, je cueillerai Verlaine
Et, j'arpenterai ton corps à en perdre haleine
Quand ma semence fertile de mon corps est expulsée
Et se répand sur ta peau avide de toutes nos voluptés
Alors, ivre de nos plaisirs, je te lirai de Hugo, "Aux Feuillantines"
Avec mon accent chantant, je serai ton Rimbaud ou ton Lamartine
Il y a toi et moi, derrière mes vers et mes poèmes
Telles des graines de l'amour, je veux qu'on sème