J'ai vu de beaux cieux écarlates
Comme repeints à la sauce tomate.
J'ai bu des vins doux et épicés
Sortis de tonneaux d'un bel été.
J'ai lu des livres si mystérieux,
Sombres, magiques et poussiéreux.
J'ai su des poèmes, des chansons
Je les ai oubliés tel ton prénom.
J'ai plu à des femmes mouillées
Qui en perdaient leur virginité,
Qui pleuraient comme des averses
A chacune de mes douces caresses.
Vois, leur voix montant aux nues,
Et le bel émoi de leur corps nu.
Depuis, délaissant mes aspirations
J'ai tu ces sensuelles ambitions,
J'ai du relancer ma vie dix fois,
Et cru mourir bien plus que cela.
J'ai survécu à un profond désarroi.
J'ai tué des reines et tiré des rois.
J'ai tu été, printemps, hiver,
Trois saisons me laissant amer.
Seul l'automne est comme moi,
Feuille fragile qui tournoie.
J'ai bu du thé, j'ai dû lutter,
J'ai lu Bronté, j'ai eu pitié
J'ai pu aimer, J'ai su rêver.