Enfant, je rêvais d'attraper la lune entre mes doigts
Et j'avais beau essayer, elle m'échappait à chaque fois
Saturne qui sature, Mercure qui grimpe, plutôt Pluton
Pour que tous les astres de la nuit donnent enfin le ton
J'avais ancré en moi tous les univers de Jules Verne
Et les adultes disaient que ce n'était que balivernes
J'ai construit mon joli monde irréel sur de belles utopies
Croyant même en l'amour absolu, mon Dieu, belle folie
Doux rêveur, posant mon coeur sur des plages de sable
Je pensais trouver celle qui saurait m'aimer, immuable
Mais à quoi bon vouloir demain décrocher la lune
Si c'est pour la sertir dans une bague d'infortune
Le monde de l'enfance est un immense terrain de jeu
Que l'on ne veut parcourir seul mais au moins à deux
Pourtant, de voyages en voyages, de Paris à Londres
J'ai tant espéré que jamais mes rêves ne s'effondrent
Tenter le grand écart en étant trop ceci ou pas assez cela
A-t-on vraiment le choix quand on ne peut être que soi ?
J'ai pourtant ouvert mon coeur avant qu'il ne succombe
Aimant vraiment, avant de mettre le pied dans la tombe
Si l'on voit que tout donner de soi ne semble pas être suffisant
Doit-on s'endormir à nouveau à la vie, belle au bois dormant ?
J'aime cette fée et je me sens capable de l'attendre mille ans
Mais je ne veux rien changer en moi, au dehors, au dedans
Je me nourrirai de nos échanges, de tous nos partages
Mais devant sa beauté, comment puis-je rester sage ?
Se poser un peu dans tout ce qui fait aimer le présent
La nuit étoilée s'ouvre sur de grands questionnements
Car pour vivre à moitié, alors autant mourir demain
Et libérer enfin cette âme incarnée qui ne sert plus à rien
Autrefois vu depuis la Terre, la lune me paraissait si ronde
Et j'ai fendu ce bel oeuf à la coque, ainsi tourne le monde
Suivant, sans cesse à l'horizon, sa belle course vagabonde
Clarté spectrale sous laquelle les farfadets font la ronde
Tous les idéalistes sont souvent déçus par cet astre qui fuit
Mais, renoncerai-je à vouloir te capter, désastre de la nuit ?