J'ai encore quelque part dans la tête et partout dans mon coeur
Le Spleen d'une muse m'ayant ouvert un jour la porte du bonheur
Balayant ma solitude, elle est entrée en moi comme un rayon de lune
Et je me suis vu grand et je me suis vu beau, croyant avoir belle fortune
De ma poésie, elle fut la météo, prédisant demain si mes vers seraient beaux
Sans son souffle divin, support à mes mots, l'inspiration me fait un peu défaut
Alors chacun sa muse, chacun joue
Ô, que ce chant du "signe" fût doux
Lors de nos rapprochements, prenant Baudelaire à témoin
Je me suis senti pousser des ailes qui m'ont emmené très loin
Tous les pétales des fleurs du mâle me semblaient réunies
L'imprudent Icare aimait trop du soleil, la chaleur infinie
En poète déçu, j'ai vu alors mon propos perdre en intensité
Se teinter de mélancolie, plongeant un instant vers la morosité
Néanmoins, tout au fond de moi, je me sais plus riche qu'avant
Car j'ai aperçu un reflet d'amour absolu que je recherchais tant
Ainsi désormais, chacun sa muse, chacun joue
Mais je suis mieux préparé à recevoir les coups
Je ne suis qu'un tout petit aiguillon dans l'essaim du ciel
Abeille pour recoudre les coeurs et faire couler du miel
De nos élans mystiques, prendre à témoin tout l'Univers
De nos connexions, je me suis nourri, en rimes et en vers
Ecrivant mes joies, balayant mes peines à chaque matin blême
Montrant la voie, le chemin, que demain je prendrai moi-même
Alors tout un chacun sa muse, chacun joue
Vie, il nous faut pourtant aller jusqu'au bout
Demain, j'aimerai être pour elle, une épaule, une oreille
J'aimerai la revoir parfois, même quand elle sera vieille
Car ce n'est point de sa beauté dont je me suis épris
Mais d'une merveilleuse sensation des jeux de l'esprit
Alors, nous parlerons sereinement de toutes nos magies
Frère et soeur réunis telles les flammes de deux bougies
Chacun sa muse, chacun joue
Du ciel avoir un avant-goût