J'ai traversé la vie, bien à l'abri des "je t'aime".
J'ai résisté à la nuit et à tous ces matins blêmes.
J'ai porté en moi des rêves et de fortes espérances,
Me préservant de l'amour, comme une dernière chance.
J'ai couché ma prose si fatiguée sur de longues lettres,
Conjuguant sous toutes ses formes le si beau verbe être.
J'ai couché mon corps exténué dans les lits du paraître,
Souriant et mentant même aux enfants que j'ai vu naître.
Bien à l'abri de mes rêves de bonheur, je me suis oublié.
Bien mal acquis, devant mes profits, je me suis effacé.
J'ai construit un mur, tracé autour de moi un cercle magique,
Me cachant sous l'arbre de vie, cet abri côtier où j'abdique.