Je suis un bâtisseur qui se construit lui-même
Posant pierre après père toutes les fondations
De son monde intérieur, dans les matins blêmes
Je suis le gris mortier qui demande réparations
Et qui file à la glaise quand tout en nous se fissure
Je monte des murs, fruits trop vers pour faire poème
Je sonde les coeurs rabotés en petits copeaux de sciure
Je suis le fil d'arpenteur, rectifiant du pareil au même
Les déformations, les aberrations de nos constructions
Qui sont devenues comme nos vies, des édifices instables
Assis autour de l'âtre pour se réchauffer aux émotions
Enroulés dans nos visions de fou rire, inatteignables
Mais parfois, dans la maison de nos âmes, le bâti ment
Pour s'en défendre et pourfendre les ans, bûches de la vie
Alors notre âme prend la hache, elle aime modérément
Mais parfois il faut alimenter le foyer avec nos ennuis
Derrière la porte, dans ce havre de paix que l'on se construit
Nous nous blotissons pour faire briller la lumière dans la nuit