Arbres de nos vies poussant parfois sur une terre appauvrie
Où nul ne se reconnaît, nul ne grandit, ni ne s'en nourrit
Malgré toutes les vicissitudes savoir rester droit tel un if
Quand les saules pleureurs seront consolés et moi lascif
Lorsque les chataigniers m'auront fait marron, chaud devant
Une fois les bouleaux finis, débités, restera du froid et du vent
Les pins seront mes seuls parasols, aux aiguilles tombées
Les fruits de mes vieilles branches seront pourris et gâtés
Qu'à grands coups de hache les charmes auront été rompus
Et que tous les peupliers seront redressés et moi bien tordu
Que tous les coeurs gravés sur mon tronc seront bien effacés
Je regarderai avec joie les chênes qui seront enfin détachés
Sur mes feuilles jaunies, mes textes défraichis seront oubliés
N'hêtre plus qu'arbre déraciné, décomposé, humus de vérité