Forêt au crépuscule
Le 2018-06-07
A perte de vue, la forêt s'étend telle une grande ombre noire
Elle lèche un étang, seule barrière naturelle, frontière liquide
Et les branches des grands pins frissonnent au vent du soir
Dont le souffle glacé fait apparaître sur l'onde quelques rides
Entendez-vous le murmure de cette bise crépusculaire ?
Elle se glisse très secrètement tel le loup dans le sous-bois
Rafraîchissant la mousse encore toute humide de la pluie d'hier
Odeurs mettant tous en alerte qu'ils soient prédateurs ou proies
Que dit le vent aux feuilles mortes et aux aiguilles tombées
Vous finirez humus si ce n'est moi qui au loin vous emporte
Si vous aimez voyager, laissez-moi poser sur vous un baiser
Oui, il est froid mais je serai le seul à vous élever de la sorte
Voyant s'en aller au souffle séducteur quelques parures légères
Les champignons mortels ou comestibles pleurent leur départ
En effet, ce futur terreau est la seule nourriture qu'ils digèrent
Combien sommes-nous à vivre de la pourriture tels des cafards ?
Alors dans le terrier profond, le renard et le blaireau s'éveillent
Et tous ceux qui sont encore en amour copulent dans les clairières
Sous la lune naissante se reflétant sur l'onde, cette double merveille
Et la sauvage louve grise protège sa progéniture dont elle est si fière
La nuit grignote alors le ciel azur en le parsemant d'étoiles
Et l'obscurité gagne la forêt plus encore en noire profondeur
Tous les oiseaux du jour se sont tus devant ce sombre voile
Seule la cime des sapins pointe vers les cieux et leur splendeur
