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Erwan Bucklefeet : quelques extraits du tome II

Les pénitents de la lune rousse

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 "Depuis plusieurs mois, Pom-Pom se laissait guider par son instinct. L’épagneul avait pris l’habitude de fuguer chaque soir. Il s’échappait toujours en toute fin d’apres-midi tandis que les parents Bucklefeet s’affairaient à la préparation du repas et que leur vigilance était relachée. Le vieux chien leur faussait alors compagnie discrètement. Ce soir-la, la tache de l’animal avait été facilitée par l’agitation particulière régnant à Ker-Bot. En effet, une fois revenus des obsèques de Tifenn sur l’ile de Sein par le bateau de l’après-midi, tous les amis proches d’Erwan s’étaient retrouvés a l’hôtel des Bucklefeet pour partager un verre en mémoire de la jeune fille récemment disparue.
     Répétant inlassablement son nouveau rite, l’animal avait alors quitté le manoir par un trou emmenagé dans la haie du jardin, passage plus discret que le portail principal bien trop exposé à la vue de tous. En un peu moins de quinze minutes il parcourait alors le kilomètre le séparant du cimetière marin de Douarnenez. Même si la perception du temps était une notion très vague pour lui, viscéralement, il se sentait attiré par ce lieu toujours a la même heure, entre chien et loup."

 

...

 

"Erwan restait persuadé que Marnec avait volontairement laissé derrière lui toute une série d’indices a son attention, sorte de petits cailloux semés par un drôle de Petit Poucet du troisieme âge se revendiquant du druidisme, plus que du conte de Perrault. Ce soir la, après le repas, il récupera les clés du véhicule et le talisman dans la chambre du vieil homme. Connaissant parfaitement toute l’utilité et le pouvoir protecteur des fameux carrés magiques, il descendit ensuite dans le cellier jusqu’a l’établi de son père. Là, il s’empara d’une perceuse qu’il munit d’une mèche métal très fine. Il perca alors le talisman en or a environ quatre millimètres du bord de la pièce, générant au passage quelques petits copeaux de métal fin. Erwan enfila alors délicatement l’extrémité de sa chaîne en or par l’orifice nouvellement aménagée, puis il repassa la chaine equipée de la médaille autour de son cou, transformant l’ensemble en un puissant objet protecteur."

 

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"Pour l’instant, il possédait le don de voir et de communiquer avec les esprits, capacité surnaturelle remarquable qu’il n’avait, bien entendu, pas choisie et s’était imposée a lui, aussi pesante et encombrante qu’un fardeau. Au-delà de ce dialogue facilité avec le monde invisible des morts, étrange héritage familial, il aurait souhaité complèter ces talents médiumniques par des dons de guérisseurs ou de magnétiseurs, lui apportant d’autres perspectives, plus positives et davantage axées sur les vivants. Mais, il avait compris que dans le domaine du paranormal, sans un bon savoir-faire, on subissait les événements plutot qu’on ne les dirigeait. C’était ainsi, il fallait faire avec et continuer a porter sa croix avec abnégation. Il rangea consciencieusement les paquets et referma le coffre, puis il démarra en direction de la fac."