Sur la Terre coiffée par un ciel irréel
Qui m'impose le grand mystère éternel,
Baignant dans la mer tourmentée des sarcasmes,
Anguille lovée sous la roche de l'enthousiasme,
Je fuis.
Sur ma tête décoiffée par le temps assassin
N'ayant plus trop le temps de dire : à demain.
Cherchant la bonne route pour tracer le chemin,
Mais se perdant dans l'odieux labyrinthe en vain,
Je fuis.
Je fuis le monde tel qu'il est.
Je suis l'automne, tu es l'été.
La course folle est démarrée,
plus rien ne pourra l'arrêter.
Je fuis l'amour tel que tu es.
Je suis la mort, tu as gagné.
Le printemps brûle sous mes pieds
Mais plus rien ne pourra se passer.
Dans les tréfonds de la mémoire,
tout cela est devenu si accessoire.
Dans l'impasse de mes souvenirs,
Je crois qu'il ne peut y avoir pire.
Désormais être ainsi regardé,
Comme une pièce de musée,
Juste posée à côté de la réalité
Sur l'étagère crasseuse du passé.
Et, je regarde le temps qui court,
La mort qui rit et joue du tambour,
Dans le couloir sombre, sans détour
Où il ne reste tout juste que l'amour.
L'amour qui s'enfuit, lui aussi,
Bien plus vite encore que ma vie,
Au rythme effréné "d'être et avoir été",
Je fuis ce que je fus : audace et témérité.
Oui, je le sais, mère Courage, je fuis
Ce qui au fond de moi est enfoui.
Je veux éteindre la douce nuit étoilée
Et vivre mes rêves d'obscurité.
Je suis ma mort, ma propre nuit,
Mais dès l'aube, chut ! Je m'enfouis.