J'aime tant te parler de cette époque lointaine
Que l'on appelle passé, qui nous met à la peine.
Des odeurs, des saveurs qui parfois me reviennent
Et inondent ma mémoire de ce que fût leur règne.
Je sens encore le lait chaud du pie de la vache,
Les noisettes vertes cueillies à même la branche,
Les tartes aux prunes sortant du poêle en fonte,
Dont la saveur délicate en moi reste si profonde.
Tu m'écoutes avec patience d'une oreille distraite
Mais ton monde ne tourne pas autour des mêmes fêtes.
Ainsi, enfant bienveillant, je lis dans ton regard,
Une certaine forme de compassion amusée à mon égard.
Seul le temps pourra laisser en toi cette nostalgie,
D'âpres regrets de tout ce et ceux désormais partis.
Les souvenirs sont tels de merveilleux accroche-coeurs
Remontant à contre-courant lors des jours de malheur.
Rêves d'un autrefois, d'un antan emporté par le vent,
Qui se déchirent sous les rudes bourrasques du temps.
Douceur de miel sorti d'une fleur par un oiseau-mouche,
Sache que j'ai toujours le goût du passé dans la bouche.