Je suis l'arbre cachant notre forêt et résistant à toutes nos tempêtes,
Dans mes feuilles froissées, tu ne lis pas d'espoir, mais tu t'entêtes.
Portant dans mes nervures la sève nourricière et mes dernières forces,
Tu enserres avec force mon tronc de tes bras et tu caresses mon écorce.
Pauvre arbre déraciné, pauvre saule pleureur s'engluant dans la poisse.
Je m'expose au soleil, je m'expose à la lune pour que la plante croisse
Et qu'elle m'apporte demain des rejets verdoyants, mais rien ne pousse
Dans ces territoires appauvris, envahis par le lichen et par la mousse.
Je prie le Dieu des semences pour que nos graines d'amour prennent racines.
Je bêche cette terre, creuse ton sillon, transperçant tes douceurs utérines.
Sous d'immenses frondaisons, tel le pénitent à genoux, je prie Mère Nature
Afin que branches et rameaux, toujours verts, aient enfin fières allures.
Mais, les saisons de mort, automne et hiver passeront moissonner mon séant.
Elles emporteront au vent mauvais tous les songes stériles des pauvres amants.
Le vice et la vertu se battent à ma porte pour pouvoir coudre mon vert linceul.
Au fond des bois sombres, arbre caché dans la forêt, je pourris, je suis seul.