Dans ces longs bois flottés...

Dans ces longs bois flottés qui errent sur les berges
Répandant leur reflet sur l'onde dont ils émergent
Je vois le prolongement de ce que nous sommes
Des noyés qui sombrent dans l'océan des hommes
Échouant à deux pas du rivage mais sans toutefois l'atteindre
Et voyant, peu à peu en nous, toute trace d'espoir s'éteindre
Déracinés, ballottés par les flots, effeuillés, nus et tremblants
Faisant souvent bonne figure ou bien alors faisant semblant
Dans un monde dont la folle absurdité souvent nous échappe
Et où l'érosion du temps creuse tant en nous qu'elle nous sape
Dans cette lente mort, nos ramifications se vident de leur sève
Et nous nous endormons lentement sans jamais voir la grève
Au bout du long tunnel qui emporte les âmes vers le grand Être
Nous rêvons pourtant encore aux forêts qui nous ont vu naître